Le musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain (MMVI) accueillera, du 08 avril au 01 juillet, une exposition des tableaux du peintre français Eugène Delacroix, intitulée “Souvenirs d’un voyage au Maroc”.
Organisée par la Fondation nationale des Musées du Maroc et le Musée national Eugène Delacroix – l’Etablissement public du Musée du Louvre, avec le soutien de l’Académie du Royaume, cette exposition présentera essentiellement des tableaux de l’artiste, dont les travaux et le parcours artistique ont été grandement impactés par son séjour en 1831 au Maroc.
Le voyage de Delacroix au Maroc, d’une durée de cinq mois, est intervenu dans le cadre d’une mission diplomatique destinée au Sultan Moulay Abderrahmane, vers la fin de 1831, à la demande du Roi Louis-Philippe Ier, à une époque où l’usage voulait que des écrivains et des peintres accompagnent les missions diplomatiques pour documenter les faits.

L’Académie du Royaume du Maroc avait organisé, en septembre dernier, un colloque international sur “La palette marocaine d’Eugène Delacroix de 1832 à 1863”, qui a permis de faire découvrir l’œuvre artistique d’Eugène Delacroix et d’en révéler davantage sur sa personnalité, à un moment clé de l’Histoire du Maroc, dans le cadre de la problématique relative à l’étude des représentations, tout en révélant son apport à la création artistique et littéraire.
Ce colloque, poursuit l’Académie, a également constitué l’occasion de discuter et d’échanger sur l’univers artistique de Delacroix qui, avec ses couleurs et ses sujets, regorge d’images marocaines datant de son séjour dans le Royaume, notant que les travaux de Delacroix ont influencé de nombreux peintres, écrivains et critiques, notamment Baudelaire, marquant ainsi l’art moderne.
Eugène Delacroix
Eugène Delacroix est un peintre français né le 26 Avril 1798 à Charenton-Saint-Maurice dans le Val de Marne. Il est un des grands peintres romantiques du XIXème siècle et également un peintre important dans le mouvement orientaliste. En effet, il est l’un des premiers peintres à avoir la volonté de connaître l’Orient en entreprenant un voyage au Maroc.

Eugène Delacroix a 34 ans lorsqu’il débarque à Tanger le 2 janvier 1832 pour la première fois. Il accompagne le comte de Mornay dans sa mission diplomatique auprès du Sultan chérifien Moulay Abd-er-Rahman. Le Roi Louis-Philippe 1er entend faire porter un message au souverain alaouite et rassurer les Britanniques, au moment où la France s’impose en Algérie.
L’objectif premier est politique. Il s’agit d’obtenir la neutralité du Maroc et l’arrêt des aides militaires marocaines. Mais le comte de Mornay souhaite être accompagné d’un attaché qui pourrait apporter un autre regard, littéraire et artistique. Les ambassades françaises depuis l’expédition en Egypte du général Bonaparte, partent avec des écrivains, des artistes et des savants afin de rapporter écrits et dessins de leur périple. Le peintre, plutôt casanier, a accepté l’entreprise après le désistement d’Eugène Isabey. Muni de ses feuillets et de ses carnets et à ses frais, il entreprend de découvrir cet «orient».
Pendant les six mois que dure sa mission il parcourt le pays de Tanger à Meknès, pour finalement repartir de Tanger le 10 juin 1832 et regagner la France après un bref passage par Oran et Alger.

Imprégné de représentations orientalistes, Eugène Delacroix découvre un Maroc, extraordinairement divers et se montre curieux de la vie des habitants, des couleurs et du rythme des formes. Il peint et dessine en même temps qu’il écrit.
De retour en France et jusqu’à sa mort en 1863, Eugène Delacroix exploite les croquis et les esquisses qu’il a saisis sur le vif à l’aquarelle, à la mine de plomb ou à l’encre lors de son voyage.
Il s’appuie sur les objets qu’il a collectés et qui, comme ses écrits et ses dessins, constituent autant de points d’ancrage pour pouvoir peindre plus tard, exploitant le pittoresque, non pas dans une simple convocation de la mémoire, mais en retenant l’essentiel des choses vues et observées, restituées dans un mouvement d’imagination créatrice.
Ce voyage au Maroc a permis à Eugène Delacroix dans un effort renouvelé de composition et avec des couleurs éclatantes d’ouvrir autant de fenêtres sur ce monde «oriental» qu’il revisite.