Malgré un âge de mariage des femmes de plus en plus élevé, le mariage précoce est une réalité malheureusement encore très fréquente. Au Maroc, des dizaines de milliers de fillettes continuent d’être mariées tous les ans. De par le monde, près d’une fillette sur quatre devient épouse alors qu’elle est encore enfant.
Anthropologiquement parlant, les unions précoces nous rappellent que jusqu’au XXe siècle, le mariage à toujours été une alliance entre deux groupes humains, entre deux communautés, deux familles.
Le livre analyse très finement l’évolution du mariage à travers les civilisations, de Sumer et Babylone à la Grèce et à la Rome antique puis surtout dans les trois grands monothéismes : le judaïsme, le christianisme et l’islam.
Des enquêtes anthropologiques inédites réalisées par l’auteur révèlent les réalités des populations où sévit le mariage des fillettes. Les enjeux au début du XXIe siècle sont analysés pour comprendre ce type d’union, par essence traditionnelle, mais aujourd’hui inacceptable.
La prise de conscience par l’opinion publique internationale de l’existence de mariages d’enfants, voire de la notion même de telles unions, est relativement récente, apparue timidement lors de la seconde moitié du XXe siècle. Depuis, la société civile est devenue de plus en plus consciente du phénomène et de ses conséquences. En effet, jusqu’au milieu du siècle dernier, tout autour du globe, en ville, mais essentiellement en milieu rural, les unions conjugales pouvaient concerner des personnes très jeunes.
Au Maroc, par exemple, les garçons étaient mariés dès 16 ans et les fillettes dès 12 ou 13 ans. En Italie, en Colombie ou en Afghanistan, il n’était pas rare de voir des adolescentes mariées et déjà mères ! Les âges matrimoniaux étaient relativement bas et permettaient de telles unions.
En France, le Code civil promulgué en 1804 fixait l’âge légal du mariage à 15 ans pour les filles et à 18 ans pour les garçons. Ce n’est qu’au siècle actuel, en 2006, que la loi a ramené l’âge légal du mariage des filles à 18 ans. En Espagne, l’âge matrimonial des filles n’a été porté à 18 ans qu’en 2005, mais le juge peut autoriser une adolescente de 14 ans à se marier…
Auteur
Chakib Guessous est socio-anthropologue et médecin radiologue. Il travaille depuis longtemps sur l’évolution de la société traditionnelle marocaine et notamment sur la défense des droits de l’enfant, sa scolarité et l’alphabétisation ; la jeunesse et le célibat ; la pauvreté et l’exclusion. La poursuite de son travail d’exploration des structures familiales et de celles du couple dans le monde méditerranéen traditionnel nous offre aujourd’hui ce très pertinent ouvrage qui nous permet de comprendre l’une des plus terribles violences faites aux enfants.