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Khettara, une technique ancestrale d’irrigation au Maroc

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Les Khettara, qui représentent un véritable patrimoine immatériel et un ingénieux savoir-faire ancestral de drainage des eaux souterraines, qui a joué à travers l’histoire un rôle primordial dans le développement de la Cité ocre et a accompagné son essor historique, est en danger de disparition dans la région de Marrakech.

Cette technique des khettaras est considérée comme l’un des plus vieux systèmes de gestion des eaux de culture, puisqu’on fait remonter ses origines en Perse antique, il y a plus de 3 000 ans. En Afghanistan on les appelle «kiraz», en Iran «quanat», en Algérie on les nomme «fouggara», au Maroc «khettara», au Yemen «aflaj», en Chine «karez», en Syrie «kanawat». Concrètement, il s’agit d’épouser la configuration du terrain pour mobiliser les eaux de pluie et les eaux souterraines, en vue d’alimenter la nappe phréatique. Donc, d’abord aménager les bassins versants afin de collecter les eaux en un point voulu. Ensuite, creuser une galerie souterraine qui, par simple effet de gravité, conduit les eaux dans les périmètres de culture 10 à 20 kilomètres plus loin.

Ces édifices sortant de terres sont des khettaras. Il s’agit en fait d’un système d’irrigation souterrain permettant de récolter les eaux d’infiltrations grâce à des puits situés en surface. Ces puits s’étendent en file indienne sur des kilomètres tout au long des routes ou à l’intérieur de ce milieu désertique. Chaque alignement de puits constitue une khettara. C’est l’un des vestiges écologiques les plus anciens au Maroc et qui doivent être inscrites sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.

Si les oasis du Sud du Maroc et notamment celles de Tafilalet entretiennent encore activement ce système de captage des eaux souterraines de la nappe phréatique, car elles sont nécessaires pour l’irrigation des cultures, à Marrakech les khettara connaissent des difficultés croissantes et finissent par disparaitre.

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Actuellement, seuls deux ou trois ouvrages continuent à survivre et fonctionner avec des débits symboliques alors que dans les années 70, l’on recensait à Marrakech près de 567 khettara, dont 500 étaient encore opérationnelles. La région d’Al Haouz comptait de son côté, près de 130 séguia et khettara au début du siècle dernier, avec 5.000 kms de galeries et canaux, qui permettaient l’irrigation de plus de 150.000 ha, a indiqué, l’enseignant chercheur à l’université Cadi Ayyad, Dr. Mohamed El Faiz.

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Il est à noter que l’usage de la technique des khettara au sud du Maroc remonte au début du 11-ème siècle, a fait savoir Dr El Faiz, un spécialiste du patrimoine et expert en « agronomie musulmane » et « jardins arabes », qui a publié plusieurs livres majeurs sur ce patrimoine national, dont notamment « Jardins de Marrakech » et « Marrakech, patrimoine en péril ».

En effet, le premier réseau de khettara a été conçu à Marrakech en 1106 par Oubeid Allah Ibn Youssef, un ingénieux bâtisseur venu d’Andalousie. Ce système de drainage d’eau s’est rapidement développé durant le règne des Almohades et des dynasties qui lui succèdent.

Une technique simple et ingénieuse
La technique de fonctionnement de ce système de captage des eaux souterraines est simple : il s’agit d’épouser la configuration du terrain pour mobiliser les eaux des pluies et des eaux souterraines, en vue d’alimenter la nappe phréatique. Concrètement, il s’agit de creuser un puits environ chaque 50m, les fonds de ces puits sont connectés entre eux par des galeries.

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Contrairement aux canaux, qui ont tendance à être envahis par la végétation, et sont très sensibles aux intempéries et sujets à l’envasement, les khéttara permettent d’apporter une eau saine avec un minimum d’évaporation. Ces galeries souterraines servaient à drainer l’eau des montagnes à partir des contrebas de l’Atlas vers la ville de Marrakech et sa Palmeraie.

Les khettara étaient à l’origine de l’alimentation de la ville de Marrakech en eau potable, de l’irrigation des jardins et de la Palmeraie. Et pour de nombreux chercheurs, la Palmeraie, les oliveraies ainsi que les plus beaux jardins de cette cité impériale ont existé grâce à ce système de drainage des eaux.

Cette technique traditionnelle de mobilisation des eaux souterraines (khéttara) a prouvé durant des siècles une utilisation durable de l’eau et une gestion intégrée de cette ressource vitale.

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Malgré les progrès réalisés dans le domaine de la mobilisation de l’eau, la technique des khettara est susceptible de continuer à jouer un rôle de grande importance dans la mobilisation des eaux dans les régions semi-désertiques, dont Marrakech. Ce savoir-faire ancestral qui était surtout l’apanage des hommes du désert, revêt un intérêt écologique certain puisqu’il permet une exploitation rationnelle de la nappe phréatique, avec moins de perdition d’eau et un faible coût de réalisation.

Source:Agrimaroc

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